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Le front d'entrée de l'est, vers le village, dit "Porte de Lorraine" est de loin le mieux conservé, mais il a aussi été très restauré entre 1988 et 1990, ce qui en perturbe sensiblement la lecture.
Les tours d'angle, peu altérées, sont très semblables : elles abritent trois niveaux exclusivement défensifs:
On note en outre, complétant la logeabilité de cet étage par les hommes d'armes, la présence, dans l'angle rentrant entre tour et courtine nord (G-H), d'une latrine en encorbellement ouvrant sur le chemin de ronde. En 1986, le linteau entre le corbeau et le mur de la tour, destiné à porter l'édicule encorbelle couvert et le siège de la latrine était encore en place, et était orné vers le dehors d'un motif décoratif de type cartouche en faible relief
Il est visible sur les photos n° 4 et 6 de la plaquette: Lafauche et sa forteresse médiévale, par les Amis du château
(32) . Il avait disparu lors de la restauration de 1988 qui a effacé les traces de son insertion dans le parement de la tour.
Les niveaux intérieurs sont sensiblement décalés en élévation d'une tour à l'autre, ce qui répercute l'hétérogénéité des niveaux de sol à l'intérieur de ce front d'entrée: Au sud de la porte du château, le sol forme un terrassement surélevé d'environ 2m 50 de la partie nord de la basse-cour. Ce décalage explique aussi que le couloir d'accès au niveau 2 de la tour sud y descende par un escalier de 6 marches, tandis que celui de la tour nord est pratiquement de plain-pied.
Les embrasures de défense déjà décrites se répartissent identiquement d'une tour à l'autre : trois canonnières au niveau 1, dont une flanquant strictement le front d'entrée, donc la porte ; cinq canonnières au niveau 2 (l'une de celles de la tour G a été remplacée par une fenêtre lorsque fut construit le logis attenant vers 1740), dont deux de flanquement strict des courtines attenantes. Certaines de ces canonnières sont biaisées, témoignant d'un plan de tir pondéré et spécifique. Les percements défensifs déjà décrits du niveau 3 consistent en trois archères-canonnières alternant avec trois créneaux à mantelets.
Dans la courtine d'entrée, sur quatre canonnières actuellement en place, et attestées par le plan du début du XVIIIe siècle, une seule est complètement en place d'origine: celle située immédiatement au nord de la porte. De la seconde canonnière percée entre celle-ci et la tour nord ne restait que l'ébrasement extérieur tronqué depuis que l'aménagement du logis de 1740 avait entraîné le surcreusement intérieur de l'épaisseur du mur au revers de cette embrasure : c'est la restauration de 1988 qui a rétabli l'épaisseur du mur et a restitué l'embrasure intérieure en niche et le trou à canon à l'identique de la canonnière voisine.
Quand aux deux canonnières percées dans la moitié de la courtine d'entrée située au sud de la porte: il n'en restait aucune trace en place, la courtine étant effondrée pratiquement jusqu'au soubassement.
Ici, la restauration a été particulièrement contestable: lors du déblaiement, un vide dans le cœur de la courtine (épaisse de 2m 65) a été reconnu dans la zone attenante à la tour sud
ce vide mal identifié peut correspondre à un conduit mural vertical limité au secteur
attenant à la tour, de type fosse de latrines.
(33) . Sur foi d'un parement intérieur sur face de ce vide parallèle à la courtine, côté est, les responsables du chantier l'ont interprété sans autre preuves comme l'amorce d'une galerie descarpe
34 - galerie défensive voutée aménagée dans l'épaisseur d'une courtine, au niveau de l'escarpe, pour déjouer la sape.
(34) , qu'ils ont "recréée" sur une bonne partie de la longueur de la courtine, au mépris de toute vraisemblance
35 - l'épaisseur de mur résiduelle entre cette "galerie" et le nu extèrieur du mur est bien trop
faible être crédible dans un contexte de fortification, et le noyau arraché de la courtine ne
révèle aucune trace de parement qui témoignerait de la face intèrieure d'une telle galerie.
(35) . En outre, deux ébrasements extérieurs de canonnières ont été placés, à partir de fragments anciens, dans le parement extérieur de la courtine, en symétrie visuelle et à niveau avec les canonnières situées au nord de la porte. Cet état des lieux ne correspond à aucun état historique crédible: en réalité, compte tenu des différences de niveau de sol déjà évoquées à l'intérieur de l'enceinte, les deux canonnières indiquées par le plan début XVIIIe siècle étaient percées au travers de l'épaisseur complète de la courtine au niveau du terre-plein intérieur de ce côté, soit 2m 50 au dessus de celles qui ont été partiellement remontées en 1990.
La porte et l'ouvrage d'entrée consistent en façade percée d'une entrée charretière en arc brisé et d'un guichet piéton étroit, chacune de ces portes jadis à pont-levis prolongée d'un passage non voûté entre murs intercepté deux fois par des vantaux que des barres coulissant latéralement dans les murs permettaient de verrouiller. L'arc de la porte charretière offre la particularité d'être constitué de claveaux " en crossette" disposition souvent considérée comme n'apparaissant pas avant le XVIe siècle, mais qu'on retrouve à la "porte de Comté" du boulevard de l'enceinte urbaine d'Auxonne en Bourgogne. Le tableau d'encastrement du tablier du pont-levis qui encadre cette arcade ne montre aucune trace des saignées verticales qui auraient permis la rotation et le rabattement de flèches de levage, ce qui est pourtant la disposition la plus courante à cette époque. On croit deviner de l'extérieur deux trous carrés bouchés anciennement
36 - Les traces intèrieures sont masquées par les reparementages de 1990.
(36) , une assise au dessus du tableau, permettant d'imaginer un système de levage sans flèches avec chaînes, poulies et contrepoids, assez peu crédible en l'occurrence. Les venteaux qui jouaient immédiatement derrière l'arcade dans des crapaudines de pierre
37 - cassés, mais encore visibles, ces crapeaudines ont été remplacées (au XIXe s?) par des anneaux de fer scellés destinés au tourbillons des vantaux visibles sur une photo des années 1910.
(37) interdisent d'autre part l'hypothèse d'une bascule à fosse. Le plus vraisemblable reste que les aménagements postérieurs à 1793
38 - Le plan et l'inventaire établis à cette date ne portent que le logis à deux través situé à
droite de la porte, qui , au mieux, s'étendait au dessus de celle-ci.
(38)
qui avaient créé une travée de logis au sud de la porte aient comporté l'arasement de tout l'étage ancien de l'ouvrage d'entrée pour y substituer une chambre bâtie à neuf, entraînant la suppression complète des saignées d'un pont-levis à flèches au raz de leur base.
Le guichet piéton, très étroit à l'origine
39 - le couloir actuel a été restitué dans sa largeur initial par remontage du mur sud sur ses
fondations arasées vers 1740.
(39) , formait une porte moins large que l'actuelle, sous un linteau plus haut placé que celui en place, le tout dans un tableau d'encastrement aussi haut que celui de la porte charretière, le tablier des pont-levis piéton de l'un et de l'autre retombant sur la même culée de pont. L’établissement d'une travée de logis à deux niveaux à gauche de la porte après 1793 a entraîné la suppression du guichet piéton, avec démolition du mur latéral sud de l'ouvrage d'entrée et reprises de parement ne laissant subsister du tableau d'encastrement en façade qu'un "coup de sabre". Au niveau de l'ancienne porte piétonne, et immédiatement au sud de son emplacement fut aménagée une fenêtre barreautée, dont le jambage nord était commun à l'ancienne porte, qu'on avait du prévoir de maintenir, voire de transformer en fenêtre, avant de la murer. Jambage et linteau au dessus de la porte, actuellement dégagés par la restauration de 1990 n'en sont pas pour autant ceux de la fin du XVe siècle, comme en témoignent la largeur de la porte incompatible avec celle du couloir restitué, et la mise en œuvre du jambage fini à la boucharde. Là encore, la restauration, qui a fait disparaître la fenêtre début XIXe s , restitué le mur sud du couloir XVe siècle , mais gardé le linteau et le jambage contemporains de la fenêtre supprimée, aboutit à un état hybride.
L’élévation d'origine de cet ouvrage d'entrée n'est pas sûrement reconstituable, mais il est certain qu'elle comportait un étage au dessus du passage, chambre logeable qui semble avoir été uniquement accessible par les chemins de ronde d'arase des courtines, faute d'un escalier indiqué par les plans anciens. Les murs latéraux paraissent trop peu épais pour avoir porté d'avantage que cet unique étage, dont l'arase des murs ne dépassait sans doute pas celle des tours d'angle. Le tout, probablement coiffé d'un toit en pavillon, devait avoir un aspect analogue à celui de l'ouvrage d'entrée du boulevard de l'enceinte urbaine d'Auxonne, dit "porte de Comté", qui présente de très évidentes et nombreuses similitudes de structure avec cette Porte de Lorraine : Absence de saillie sur la muraille
40 - ce trait est commun comme d'autres, aux portes du château de Dijon.
(40) , forme des deux portes en façade, claveaux a crossettes, accès à l'étage par les courtines. On note aussi passage charretier séparé du piéton par un mur assez mince, qui rend le plan des deux ouvrages pratiquement identique, quoique inversé, jusqu'aux deux emplacements de vantaux, derrière l'arcade d'entrée et 4m plus lion dans le passage, derrière une seconde arcade (dont ne restent que les sommiers à Lafauche). La seule exception est la herse, absente à Lafauche.
Le boulevard de la porte de Comté d'Auxonne est achevé en 1503, d'après une inscription qui en attribue le mérite à Engilbert de Clèves
41 - C-X. GIRAULT: Explication des emblèmes et inscriptions de l'une des portes de la ville
d'auxonne " , Magazin encyclopédique, 1810, t. II, p.58.
(41) , gouverneur de Bourgogne pour le roi Louis XII depuis 1499. Or, Engilbert de Clèves succédait dans sa charge à "Monseigneur de Baudricourt" qui ordonna par mandement de juillet 1493 de faire exécuter des travaux à l'enceinte de la ville d'Auxonne, notamment de faire construire " plusieurs chambres et logis pour mectre et loger des gens de guerre", "sur...les porteaux.... d'icelle (ville) ". Les fossés de la ville "du costé devers la Comté"
42 - Arch. Côte d'Or, B 11853, f° 111-115.
(42) ayant été élargis dès 1494, il est vraisemblable que le projet et le dessein de la porte de Comté ait été conçu sous le gouvernement de Jean de Baudricourt. Cette réflexion comparative invite à reporter les travaux de Baudricourt à Lafauche plutôt vers la fin de sa vie, dans les années 1493-1499, que vers 1485.
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